En mémoire de Philippe PLUSQUELLEC
Philippe PLUSQUELLEC né le
08 septembre 1943 dans l’ancienne Indochine française, est décédé à Toulon à l’âge de 73 ans le 04 janvier 2017 au moment où notre recueil se préparait à se mettre en pages..
Philippe est admis à l’École des Enfants de troupe de DALAT en 1954. Avec ses camarades eurasiens il rejoint la métropole en février 1956. Après 3 semaines de navigation sur le « Henri Poincaré »
cargo mixte des Chargeurs réunis, l’école débarque à Marseille par -10 degrés, mais chaudement reçue par le comité d’accueil et la musique de l’EMP d’Aix-en-Provence
Les
élèves sont logés provisoirement au camp Destremau à Fréjus avant de rejoindre Autun en mai 1956. L’école est installée dans les quartiers désaffectés de la caserne Changarnier qui devint
l’annexe de l’EMP d’Autun et aujourd’hui le collège militaire d’Autun.
Philippe fera ensuite ses études secondaires et la Corniche à l’EMPA de 1957 à 1964.
Admis à l’ESM de Saint Cyr, il intègre la promotion « Lieutenant-Colonel DRIANT » 1965-1967.
Sa carrière militaire se déroulera dans les troupes de Marine jusqu’au
grade de colonel.
Il se consacra ensuite non seulement à sa famille, son épouse Magali et leurs trois enfants mais également aux anciens enfants de troupe de Dalat, les AETD dont il deviendra le président
de l’Amicale à partir de 2006. C’est grâce à son action et à son dévouement que les « rescapés » de l’EETD n’ont pas cédé à la lassitude et au poids
des ans.
Le 09 janvier 2017, ses obsèques ont eu lieu à Toulon où de nombreux amis et camarades de promotion et d’associations lui ont rendu un dernier et vibrant hommage.
Daniel Weimann qui a connu Philippe au cours des années d’ET et puis 46 et 53 ans après grâce à 2 événements particuliers, lui aurait adressé cette lettre pour lui dire qu’il avait sa
place dans notre recueil.
Mon cher Philippe,
Permets-moi d’écrire ces quelques
mots pour remplir un petit espace de notre recueil, trop petit pour retracer ton parcours que je sais particulièrement fécond mais dont j’ignore les chemins étant depuis que nous nous sommes quittés hors des murs de notre
école d’Autun en 1962, éloignés l’un de l’autre par nos orientations différentes mais ô combien identiques quant à leur finalité: servir la France sous l’uniforme, uniforme que nous n’avons
pas quitté depuis l’âge de 12-13 ans !. Mais j’ai eu l’occasion de te revoir deux fois : deux fois exceptionnelles qui m’autorisent malgré tout à confirmer ce que je savais sur ton action auprès
de nos anciens de Dalat.
La première fois, en mai 2008 à Vogüé, dans ce petit village de l’Ardèche où depuis 12 ans, nos anciens se retrouvaient pour un long week-end
de fête, de joie et d’émotion fraternelle et où j’ai eu l’opportunité depuis la Nouvelle-Calédonie de vous rejoindre : tu étais président de l’amicale et j’ai retrouvé
un camarade avec la même gentillesse, la même modestie mais enrichi de cette douce autorité héritée certainement de ton passé d’officier de la « Coloniale ». Ces ingrédients , gentillesse,
discrétion et autorité qui font les bons chefs et d’excellents présidents. Sous ta houlette, les anciens répondaient à ton appel et bon an, mal an, entre cent cinquante et deux cents AETD et familles se retrouvaient
avec bonheur à Vogüé. C’est ainsi que je t’ai revu et nombreux autres camarades, dont un de ma classe, 46 ans après ! C’est une performance, à notre époque de réunir autant de membres d’une
amicale âgés pour la majorité de plus de 70 ans et dans un lieu excentré comme ce petit village !
La seconde fois que je t’ai revu, c’était à Autun en
septembre 2015, content de te revoir menant des anciens de Dalat et conjointement sous la férule de Jean-René BACHELET pour l’EMP, mais frappé et triste de te voir bien marqué par la maladie qui te rongeait depuis quelque
temps, je me suis permis, comme ami et médecin, de te demander si tu ne souffrais pas et très discrètement et très courageusement tu m’as répondu : « Pas trop, mais ce sont ces sacrées perfusions
qui me fatiguent !», j’ai alors compris, sans aller plus loin que tu étais gravement malade. Et malgré tout, tu étais là pour accomplir ton profond désir : rendre un ultime hommage d’abord à
l’institution, l’école de Dalat qui nous a permis de sortir des misères de la guerre d’Indochine, mais aussi un devoir de mémoire à nos anciens qui ont donné leur vie pour la France, c’est cette modeste
stèle, modeste par la taille mais riche par sa symbolique, qui se dresse maintenant dans l’entrée de la caserne Changarnier, lieu d’hébergement des derniers élèves de notre école (de Mai 1956 à
1960) et tu es revenu en novembre dernier fleurir cette plaque, mais tu étais inquiet car vous n’étiez plus que 3 anciens, ton frère Gaby, et ton dévoué rédacteur en chef André Wiélé
et deux épouses. Le colonel Michel SCHMITT, commandant le lycée militaire d’Autun, ému par ta détermination et ton attachement aux anciens et aux écoles EETD et EMPA, a émis la promesse de fleurir tous les ans
la stèle et de recueillir des fonds pour un monument plus conséquent à la mémoire des Eurasiens !
Je ne pouvais taire cette fidélité, cette implication, ce dévouement
qui ont dicté ton action et donné ce courage incroyable pour perpétuer le souvenir de notre école et des Eurasiens, fruits d’une époque définitivement révolue ! Grâce à la détermination
de Jean-René, nous ne t’oublierons pas non plus grâce à ce recueil qui va voir le jour.
Je suis d’autant plus apaisé et heureux de te voir à mes côtés
dans ces récits car nous ne sommes que deux parmi, environ, 250 élèves de l’EETD dans cet opuscule. Je pense que la raison est simple, nous étions peut-être plus impliqués dans toutes les activités qui
pouvaient nous faire progresser physiquement et spirituellement (ETC ou scoutisme), et la proximité de personnes bienveillantes, à l’école comme le père Milot ou l’infirmière, miss GAMBY et comme cette famille
autunoise qui t’a accueilli pendant toutes les vacances de 1956 à 1965 et moi les camarades qui m’ont fait connaître leurs familles, les us et coutumes et les régions lors de congés scolaires. Naturellement, ayant eu
une suite heureuse dans notre parcours, un sentiment de reconnaissance et de fidélité et même de fraternité est venu, renforcé par l’âge et l’expérience d’où ton dévouement profond
pour ce devoir de mémoire et moi le regret d’être si loin pour participer à cette obligation volontaire.
Au revoir mon cher Philippe, tes camarades sur cette liste ne t’oublieront
pas grâce à ce recueil et ceux qui vont découvrir ce petit bout de chemin de ton long parcours auraient aimé te connaître et en lire plus sur ta vie.
Daniel
Weimann (Dalat 55-56, Autun 56-62
Nouméa janvier-février 2017